
L’intérêt du démembrement croisé dans la structuration du patrimoine familial des concubins
Publié le :
10/03/2025
10
mars
mars
03
2025
Le droit de propriété est composé d’un droit d’usage (usus), de jouissance (fructus) et du droit de disposer du bien (abusus). Ces différents droits qui composent le droit de propriété peuvent être démembrés. Une opération classique consiste, par exemple, à donner la nue-propriété (l’abusus) et à conserver l’usage et la jouissance du bien : l’usufruit.
Le démembrement croisé constitue une structuration juridique sophistiquée. Concrètement, ce mécanisme repose sur l’acquisition d’une moitié du bien en nue-propriété et de l’autre en usufruit, soit directement, soit par l’intermédiaire d’une SCI.
À titre d’exemple, l’acheteur A acquiert la première moitié du bien en nue-propriété et la seconde en usufruit. Simultanément, l’acheteur B acquiert la nue-propriété de la seconde moitié et l’usufruit de la première.
Une telle opération présente de multiples intérêts, tant au niveau de la protection du concubin qu’en matière fiscale.
Une protection du concubin et des héritiers
Très prisée des couples en concubinage, cette opération permet d’assurer la protection du concubin survivant. Contrairement au PACS et au mariage, le concubinage n’offre aucun droit au maintien dans le logement pour le concubin survivant.
C’est précisément dans la protection du droit au logement que le démembrement croisé excelle, en cas de décès d’un des concubins, l’autre verra l’usufruit se reconstituer sur sa part de nue-propriété. Il bénéficiera ainsi d’une moitié de la maison en pleine propriété et de l’autre en usufruit, lui assurant ainsi la garantie de rester dans le logement.
Il faut toutefois noter que, bien que les partenaires de PACS et les époux possèdent un droit temporaire au logement au moment du décès de leur partenaire, ce droit ne peut excéder une année. Il peut donc être opportun d’effectuer une telle opération pour garantir à l’époux ou au partenaire survivant l’usage prolongé du bien immobilier.
Le démembrement croisé permet également d’éviter le régime de l’indivision. En cas d’achat commun de la moitié d’un bien en pleine propriété, c’est ce régime qui sera applicable, ce qui peut être source de nombreux conflits lors de la succession d’un des concubins.
Enfin, la technique du démembrement croisé permet de transmettre progressivement aux héritiers la pleine propriété de la moitié du bien, conciliant ainsi le droit du concubin et celui des héritiers.
Une fiscalité avantageuse
L’intérêt d’une telle opération réside également dans le levier fiscal. En effet, en vertu de l’article 1133 du Code général des impôts (CGI), la réunion de l’usufruit à la nue-propriété ne donne lieu à aucun impôt ou taxe si la réunion a lieu à l’expiration de l’usufruit ou par le décès de l’usufruitier.
Concrètement, en cas de décès d’un des concubins, l’autre verra l’usufruit se reconstituer sur sa part de nue-propriété. Cette réunion ne sera assujettie à aucun impôt. Le démembrement croisé permet donc de transmettre sans coût.
Concernant les héritiers du concubin décédé, ils hériteront de la nue-propriété et paieront des droits de succession uniquement sur la valeur de celle-ci. Lorsque le second concubin décédera, ils deviendront pleinement propriétaires du fait de la réunion de l’usufruit et de la nue-propriété.
Si cette technique du démembrement croisé a perdu de son intérêt, sur le plan strictement fiscal, elle conserve toute son importance, sur le plan de la protection du logement et peut surtout être extrapolée à l’acquisition par des coindivisaires classiques ou à l’acquisition par des frères et sœurs dont l’un ou plusieurs d’entre eux ne possèdent pas de descendance.
Historique
-
Proposition de loi visant à simplifier la sortie de l'indivision successorale
Publié le : 20/03/2025 20 mars mars 03 2025NOTAIRES / Succession / DonationCréation d'une base de données sur les biens abandonnés, assouplissement des procédures, baisse de la part minimale des héritiers requise pour décider de la...Source : www.vie-publique.fr
-
Servitude de passage : l’enclave… ou la simple commodité ?
Publié le : 14/03/2025 14 mars mars 03 2025NOTAIRES / ImmobilierLorsqu’un fonds dispose de plusieurs accès à la voie publique, peut-il être considéré comme enclavé ? La Cour de cassation, dans un arrêt du 27 février 2025...Source : www.lemag-juridique.com
-
Servitude et donation-partage : quand l’indivision ne suffit pas !
Publié le : 13/03/2025 13 mars mars 03 2025NOTAIRES / Succession / DonationLa destination du père de famille permet-elle d’établir une servitude lorsque des biens sont attribués lors d’une donation-partage ? La Cour de cassation, da...Source : www.lemag-juridique.com
-
L’intérêt du démembrement croisé dans la structuration du patrimoine familial des concubins
Publié le : 10/03/2025 10 mars mars 03 2025Rédaction du cabinetLe droit de propriété est composé d’un droit d’usage (usus), de jouissance (fructus) et du droit de disposer du bien (abusus). Ces différents droits qui comp...
-
Mur mitoyen : Réparation et entretien, qui paie vraiment ?
Publié le : 07/03/2025 07 mars mars 03 2025NOTAIRES / ImmobilierLorsqu'il s'agit d'un mur mitoyen, la question des responsabilités en matière de réparation et d'entretien est essentielle pour éviter les conflits entre voi...Source : www.gererseul.com
-
Donation d’un contrat de capitalisation en démembrement
Publié le : 03/03/2025 03 mars mars 03 2025NOTAIRES / Succession / DonationLe contrat ou bon de capitalisation est un produit d’épargne. Il permet d’investir sur divers supports. C’est un contrat d’épargne à durée déterminée...Source : www.legifiscal.fr